VERONIQUE HENRY – DOMINIQUE MEUNIER

 

DOMINIQUE MEUNIER  vu  par  MICHEL LAGRANGE

Dans ses œuvres, ce qui compte, ce ne sont pas tant les jeux subtils de la lumière et des ombres, de l’obscurité et des trouées de lumière fulgurante, que le dépassement des apparences au seul profit de l’invisible. Dominique Meunier est un homme de foi, un peintre d’icônes. Il ne veut pas des sentiers battus sur lesquels il est confortable de s’avancer. Il scrute ce qui ne se voit pas, il invente, comme un archéologue de l’au-delà, un espace et un temps supérieurs. Un spectateur amateur de son univers en suspension se trouvera transfiguré devant un tel déploiement de formes où la profondeur égale l’altitude, de couleurs fondues et libres de se déployer, de chaos en train de se métamorphoser en apparitions fantastiques, oniriques, religieuses, au sens où la religion nous relie à ce qu’on ne saurait voir, à ce qui nous concerne en plus haut lieu. Au-delà de nos douleurs, car il faut sans doute avoir souffert, comme le Christ, présent en plusieurs toiles, et vaincu pour oser se lancer sur des chemins de si haut vol. Il y a paradoxalement dans cette peinture lourde de matières, que l’artiste sculpte à tour d’esprit, un essor de l’âme offrant au visiteur une échappée belle hors d’un l’espace et d’un temps réducteurs, une envolée lyrique, une transcendance assumée. Ce sont des pages de méditation, qui traduisent l’impatience qui devrait être la nôtre de sortir par le haut de notre prison quotidienne. Leçons du Maître Vent qui n’est que spirituel, hymne d’un contemplatif à l’écho du sacré.

Voilà ce qui me paraît l’essentiel d’une démarche à ciel ouvert, d’une élévation méritée, accueillant la beauté comme la preuve que nos yeux charnels doivent laisser le plus beau rôle aux yeux de l’âme. On dirait que ce pionnier de l’invisible est le traducteur officiel, mandaté par quelque puissance divine, pour rendre compte de la dimension sacrée de la création naturelle.  Ainsi, les ombres et les lumières n’ont de naturel que l’apparence. On trouve ici une Œuvre au Noir, au sens alchimique. Cette peinture est préparée pour le Grand Œuvre. Car en réalité, elle appartient à des courants supérieurs, à des jeux de mémoire qui n’ont pas oublié l’alchimie de nos noces d’or avec tout ce qui nous dépasse, et dépasse même l’angoisse de notre époque incrédule et profane. Avec l’art de Dominique Meunier, on entre dans le temple et l’on est pardonné, rédimé. Une telle vocation artistique, ce n’est évidemment pas un jeu, c’est une édification de soi, un destin.

VERONIQUE HENRY  vue  par MICHEL LAGRANGE

S’il y a un mot que je devrais retenir et utiliser pour définir les œuvres de Véronique Henry, et sa personne même, ce serait le mot « élégance » ou « grâce » Ou mieux « luxe, calme et volupté ».Ce mot, ou ces mots fraternels, me paraît contenir sa relation à l’univers qui l’entoure et la fait devenir ce qu’elle est, ce qu’elle crée. C’est autant l’élégance d’un corps de femme nue, entraînée à la chorégraphie aquatique, que celle qui se dégage d’une coupe de champagne, levée en hommage à la vie. Ce qui est peu et capital !

Il y a dans ces sculptures un art de vivre, de jouir de la vie, qui est quasiment solaire. Si les corps qu’elle sculpte sont nus, c’est au nom d’un naturisme qui relève d’un rite païen, heureux, exubérant, toujours innocent. Car c’est la vie qui est en jeu dans l’univers de Véronique Henry. La vie que tant d’œuvres d’art contemporaines s’ingénient à torturer, remettre en question, vouer à l’absurde. C’est d’un rituel du bonheur qu’il s’agit aujourd’hui. De l’harmonie d’un être et de ce qui l’entoure. Une façon de se réconcilier, en nos temps moroses et plombés, avec un bonheur solaire et lumineux. Il y a de l’amour en ces œuvres, amour de la vie, amour de la nature, en même temps que l’humour de ne pas être dupe de son importance. Il s’agit de ne pas se prendre au sérieux. Souplesse et générosité, retour au paradis perdu. On est au pays des merveilles et cela fait du bien de se retrouver dans l’enfance, qui n’est enfance de l’art que par la spontanéité de l’inspiration. Fascination, féérie, fécondité, festival filiforme des femmes flambant neuves, autant de propension à une effervescence sensuelle et spirituelle.  Et cela fait du bien, cette naïveté savamment orchestrée par une sensibilité peu commune. Oui, ces baigneuses prochaines sont prêtes pour le grand saut, celui de la beauté qui nous éclaboussera et nous baptisera d’un plaisir haut en couleurs, toujours nouveau. Certes, cet éloge du corps n’est pas forcément à la mode. Tant mieux, car la mode passe et se flétrit, tandis que la beauté en harmonie dans ces corps féminins rejoint ce qui jamais n’épuisera son cours, sa sève et sa beauté.

 

 

 

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