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NADINE PILLON – PATRICIA & JEAN CACHELEUX
PATRICIA et JEAN CACHELEUX
Ils viennent de la Puisaye, ce sont des Puisayens et des Poyaudins. Ce sont des céramistes potiers, tels que la Puisaye en produit passionnément.
Patricia sculpte, en grès, des personnages féminins qui se présentent souvent comme de bonnes petites diablesses. Elle joue avec les apparences, les métamorphoses, la vie, la mort, la mort, la vie. Cela paraît de la fantaisie sans malice, et cependant ces personnages nous renvoient notre image, celle de notre condition humaine. Un carnaval d’animaux-femmes, à la façon d’un Grandville illustrant les fables de la Fontaine. Les Métamorphose d’Ovide, la gravité en moins, car cet art est un art d’humour.
Il y a dans le talent de Jean Cacheleux, le potier, meilleur ouvrier de France, une magie fascinante, une poésie en train de s’accomplir. C’est la métamorphose d’une masse informe d’argile ou de grès, en une œuvre d’art. Un bloc prosaïque, lourd, docile, duquel le potier va tirer le meilleur de lui-même. Il caresse ce bloc, il l’apprivoise, il l’étreint de ses dix doigts et peu à peu le bloc se transcende et prend forme. Dialogue de la matière et de l’esprit, comme en toute forme artistique. Du hasard au destin d’une œuvre. Ce dialogue peut s’accomplir aussi avec des mots, des notes de musique, des couleurs…
Ici, nous avons un art terrien et spirituel, car la Beauté entre en jeu. Le potier matérialise son esprit et spiritualise la matière. Les formes, les galbes, les arrondis des vases, cela devient une sublimation de la matière. Les coulures volontaires sont la fluidité du temps, le tremblement du rêve. Ces coulures, ces griffures, sont des coulées oniriques, faites d’or et de platine, comme des noces avec la matière. Musique des courbes, enchantement des couleurs. Cela peut évoquer l’art des peuples savants de l’Extrême-Orient, car ce qui émeut aussi dans cet art de la céramique, c’est l’héritage et la continuité, autant que l’originalité personnelle.
MICHEL LAGRANGE
NADINE PILLON
La thématique retenue pour cette exposition des Œuvres de Nadine Pillon, ce sont les gouttes et leur incidence sur une surface d’eau. Des reflets, des ronds d’eau, des rondeaux, car c’est la poésie du regard qui s’offre à nos yeux. La pluie, les auréoles, les aréoles, c’est tout un art de l’éphémère que Nadine Pillon développe ici, en une architecture savante et paradoxale, fixant à tout jamais ce qui ne dure qu’une seconde.
Tout un monde en plongée, un monde à l’envers, des ombres d’ombres, des arbres trembleurs, des nuages prisonniers du courant, tout un univers dématérialisé, réduit à ses reflets danseurs. Réduit ? Non, car ce monde est un monde en expansion. Je ne réduirais jamais ces reflets dans l’eau à une partie de pêche, malgré le bouchon qui flotte, à part. Ce serait trivial et superficiel.
Je vois dans ces doublures du réel autre chose de plus enivrant. Et le peintre le sait bien qui se laisse aller à l’infra-monde et qui sort du simple réalisme pour accéder à l’abstraction, à la façon d’une Sonia Delaunay par exemple.
Des ronds de couleurs, des fragments de vitraux. Mais il y a mieux. C’est toute l’énergie de l’univers qui surgit dans ses couronnes d’eau rebondissantes. Tout un monde dans une goutte d’eau, comme le chantaient les poètes soufis. Il y a ici quelque chose d’animiste, de musical dans cet enchantement cosmique. Le chant de l’univers. Il n’y a qu’à faire le silence en soi et l’on entendra cette ronde des planètes.
MICHEL LAGRANGE