Bernard-Marie COLLET – Pauline DAUDON

VERNISSAGE DE L’EXPOSITION

 

La Présentation de MICHEL LAGRANGE

 

Les tableaux de Bernard Marie Collet m’ont inspiré la réflexion suivante : ce n’est pas la nature simplement qu’il peint. Copier la nature ne saurait le satisfaire, même s’il s’y est exercé pendant des années. Cela lui a beaucoup appris : entre autres, qu’une fois que l’apparence d’une chose vous est familière, il ne faut pas s’en contenter mais regarder plus en profondeur, plus en altitude. Voilà pourquoi il ne copie pas la nature ; c’est là un sujet bien trop restreint, un véritable carcan pour l’imagination.

   Ainsi, ces rochers erratiques acquièrent une verticalité, une grâce, une puissance totémique, obéissent à un ordre supérieur. Rudesse, maturité, noblesse, solennité, harmonie et lumière intérieure. Ces blocs ont quelque chose d’une cathédrale.  Et les facettes des apparences deviennent les éléments de vitraux élevés en couleurs. C’est ce que ce texte poétique tente de traduire ainsi : 

 

VISITATION DU PEINTRE

Quand je regarde un paysage

Il s’agit d’abord d’un brouillon

De hasards et de confusions formelles

Le vent circule entre les bleus cendrés de la mer et du ciel

Comme une tradition à respecter

Je n’en suis qu’aux balbutiements

D’un long apprentissage

Aux travaux et aux jours

D’éléments figurés dans des couleurs-nature

Il est temps d’apprendre par cœur

Les rudiments d’une géographie

Habitée passionnelle

Et de donner la vie aux profondeurs des certitudes

Au-delà de ce paysage erratique et superficiel

Il existe une île au trésor

Cachée parmi les apparences

Offerte à qui possède un regard spirituel

Une sensualité mentale

Et c’est la remise en question du ciel et de la mer

Une visitation

La clé de l’harmonie

Lecture haute en couleurs

Des secrets de la forme enfin libérée du hasard

Amour vital

Hymne solaire

Tel est le sacré du vitrail

Le visage de l’absolu

Le soleil d’or des instants de l’éternité

PAULINE DAUDON

   Les travaux de Pauline Daudon, comme toute œuvre inspirante, me pose une question : existe-t-il un style propre aux femmes ? En littérature par exemple, est-il possible de déceler le sexe de l’auteur à partir de son style ?  Y a-t-il un style Yourcenar, ou Duras, ou Ernaux ? Ce n’est pas certain. En sculpture, y a-t-il un style féminin ? Louise Bourgeois, Germaine Richier, Camille Claudel, Niki de Saint-Phalle ont-elles une spécificité ? Ce n’est pas certain. 

   Les sculptures de Pauline Daudon me paraissent cependant affirmer le sexe de leur auteure. Un style, né d’un regard, d’une tendresse, d’une identité.

   Ces œuvres ont, me semble-t-il, en commun une sensibilité exemplaire. La tendresse de l’argile au service de la tendre sensualité de la sculptrice. Dans ces visages, dans ces corps de femmes, dans ces animaux familiers, tout est grâce et sensibilité. Le lien étonnant entre l’être humain et l’animal n’est pas accidentel, ni épidermique ; il est pacifique, tendre, amoureux, paradisiaque. Ainsi Pauline Daudon célèbre une chorégraphie qui inclut le partage épiderme et spirituel. Elle donne de l’âme aux apparences, en des contours fluides, caressants, apaisés. Bonheur de la vie réconciliée avec elle-même. Amour vital, courbes et contre-courbes amoureuses, hostiles aux lignes droites, anguleuses, égoïstes, dramatiques. Et j’imagine la douceur des mains caressant le bloc argileux pour que la terre inachevée corresponde aux vœux de la beauté pure.

   Et je devine, en cette sculptrice, un don qui est un privilège : la faculté de s’étonner, une façon presque enfantine de célébrer la vie des sentiments et les sentiments de la vie. Ce qui donne à ses œuvres une certaine naïveté qui est le propre des enfants et des véritables artistes.