MARIANNE RUSTON – MATHEGUI – BERTRAND PHILIBERT

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Le  MOT  de  MICHEL LAGRANGE

Participer à un vernissage, c’est un rituel, une cérémonie grave et prometteuse. On y vient pour découvrir un horizon inédit, coloré, émouvant, que l’on pourra peut-être emporter avec soi, si l’on achète une œuvre.

Une galerie propose des artistes, elle n’impose rien. Mais une œuvre d’art peut s’imposer, parce qu’on se sent en communion avec elle, parce qu’elle nous attend, qu’elle correspond à un besoin qui changera notre décor et nos réactions quotidiennes.

J’ai déjà acheté une sculpture et une peinture ici, dans cette Galerie qui m’a déjà tellement inspiré, et je suis heureux de les regarder, d’arrêter le temps par leur présence belle et consolatrice. Il est important qu’on soit aussi des acheteurs d’œuvre d’art, quand on en a les moyens financiers, car c’est notre vie et celle de la Galerie qui en dépendent.

Je me rappelle avoir hésité, il y a bien longtemps, devant une Vierge gothique, admirée chez un antiquaire dijonnais, alors que je devais acheter une voiture ! J’ai choisi la Vierge qui existe toujours en sa présence bouleversante alors qu’il y a longtemps que la voiture aurait disparu de la circulation !Il y a des moments dans la vie où un bouquet de roses est plus précieux qu’un kilo de pommes de terre.

Marianne Ruston

Une présence féminine toute de grâce et de tendresse. Une sorte d’éternel féminin décliné sous toutes ses plus belles formes. Figures de proue, figures de grâce. Une délicatesse dans les gestes fait de ses personnages des apparitions oniriques auxquelles la beauté de l’art confère une magie formelle. Qu’il s’agisse de la femme ou de l’animal, une même sève circule et anime les expressions d’une vie intérieure émouvante. Chacune de ces statuettes est une idole, qui ne nous demande que de répondre à sa tendresse.

Mathegui

c’est un peintre laqueur. Une figure de l’art riche de confluences, forte de la préciosité des matériaux utilisés, tels les mariages heureux de l’or, du cuivre, de la laque…Union encore plus précieuse de sources d’inspiration complémentaires : platitude et profondeur, couleurs et lumière, raison et magie, réalisme et abstraction, nature et métaphysique. Sublimation des apparences et beauté de l’œuvre d’art. Je crois savoir pourquoi en regardant certaines de ses œuvres j’ai pensé à Léopold Senghor, que j’ai eu la chance de bien connaître et d’inviter à Dijon.

Bertrand Philibert

Philibert rime avec mystère. Son œuvre est un écho permanent de notre silence intérieur. La solitude qui émane des villes, de la nature même, la solitude du funambule sur son fil tendu entre l’invivable ici-bas et un ailleurs inaccessible. Il utilise intimement le bois qui est beau comme matière avec ses pleins et ses déliés, sa rugosité et ses veines… Mais le bois est plaqué sur la vie comme un obstacle. Les personnages de Philibert sont des solitaires, des errants dans un labyrinthe. Ils sont en danger, au bord du vide, entre essor et tentation du suicide. Le silence est leur seul environnement, comme chez Edward Hopper ou Georgio de Chirico. Ailleurs est une espérance hors de portée. Le rare bleu qui circule en son univers est invivable. Aussi ses œuvres sont-elles un miroir à nos propres dérélictions autant qu’une fenêtre possible ouverte à une présence humaine, émouvante, fraternelle. Regarder la solitude de ces personnages, c’est se sentir un peu moins seul.

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