ISABELLE JEANDOT – ELODIE DOLLAT

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le mot de Michel Lagrange

Un vernissage est toujours une surprise. C’est l’inauguration d’une fête où les yeux et l’esprit sont invités. Même si le public revient fidèlement, le spectacle est toujours nouveau. C’est au public de s’adapter, de se renouveler,grâce à une sensibilité aux aguets, grâce aux pouvoirs de l’art, qui est non seulement une création, mais qui a un vaste pouvoir créateur. L’art nous renouvelle. Plus ou moins.Lorsque, comme ce soir, nous avons affaire à deux « magiciennes », à deux « voyantes », le voyage est facilité !

Si l’on devait trouver un point commun entre nos deux artistes, ce serait cette magie, cette faculté de nous faire accéder à une dimension qui n’est pas celle de la raison, pas celle de la coutume, pas celle de la prose quotidienne. C’est d’une poésie picturale, sculpturale qu’il s’agit. Et d’une poésie qui renoue avec ses origines, celles d’un langage sacré. Quand le mot banal devient Verbe mythique, la peinture et la sculpture deviennent actions de grâce. Le défi le plus grand ici, c’est d’utiliser la couleur et la forme sculptée pour donner accès à l’invisible. Par la couleur générer la Lumière,par la forme, pénétrer l’Au-delà.

ISABELLE JEANDOT dévoile un univers de formes lascives, étirées à l’extrême, en un mouvement qui cherche à dépasser la matière. Un mouvement de grâce, de fertilité. Fusion, fluidité, fécondation, flexibilité, féeries, femmes, fête. Fusion des couples. Même lorsqu’elle s’agit de couples enlacés, de corps dressés, tressés l’un avec l’autre, cet érotisme dépasse les contours des corps, des gestes, des amours physiques. Cet érotisme est un érotisme sacré. Ces couples sont danseurs de la divinité. C’est le sexe et l’esprit qui dansent, au service d’une divinité qu’ils appellent, qu’ils incarnent. Je ne peux pas ne pas songer aux danses rituelles des bas-reliefs des temples de l’Inde, où Terre et Ciel ne font plus qu’un sujet de fusions adorantes. Cérémonie, union mystique, au-delà des différences, au-delà des séparations. C’est le rêve ancestral de l’androgyne universel, et de l’Unité retrouvée.

ÉLODIE DOLLAT, quant à elle, nous fait pénétrer dans cet au-delà, que tout à l’heure la danse des formes  a réussi à mettre en mouvement. Ses toiles sont des fulgurances, des déchirures de la matière, de l’espace et du temps. C’est le mystère qu’elle nous fait voir. Abolissant les limites de la raison, du regard raisonnable, elle nous montre le feu solaire de la Beauté. Une émotion, une vibration, autant d’échappées belles, autant de châteaux dans le ciel, autant d’apocalypses. Dès qu’elle introduit de la matière dans ses tableaux, elle la fait souffrir, la tord, la compresse, l’effiloche, comme si elle lui demander d’aller plus loin, et de nous laisser pénétrer au-delà, dans la magie des apparitions, dans la Lumière et dans le souffle, là-haut, là- bas, ici et bien plus loin que nous. La Beauté qui s’en dégage est onirique, et nous parle une langue antérieure et connue par les vrais visionnaires.

MICHEL LAGRANGE

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