CRISTINA MARQUÈS et CAROLE BRESSAN

L’ÂME DU MONDE

   Ce qui émeut d’abord dans les paysages de Carole Bressan, c’est une beauté qui nous attire, sans que l’on sache bien d’abord pour quelle raison. Des paysagistes, il y en a des milliers en art pictural. Mais chaque artiste digne de ce nom voit « son » paysage, à sa manière, avec un regard original, éclairé par une sensibilité, un besoin pluriel, la volonté de créer, au lieu de photographier simplement ce qu’il a devant lui.

   Ce qui fait le charme des paysages de Carole Bressan, c’est ce besoin de regarder au-delà des apparences, de réaliser une synthèse du visible et de l’au-delà. De mettre en unité, en beauté, les mouvements d’un ciel nuageux ou d’un paysage accidenté. Ce qu’elle réalise, c’est une Célébration, la création d’un haut lieu légendaire, au sens étymologique du terme, c’est-à-dire exprimant ce « qui doit être dit » par un regard sensible, spirituel, par un jeu de couleurs libérées des contingences. Ainsi, elle crée un univers hors du commun, où le ciel et la terre, l’espace et le temps, sont en réalité dans la révélation de leurs dynamismes cosmiques.

   C’est bien le Chant du Monde unanime qu’elle nous révèle par le jeu subtil et puissant des couleurs qui se font symphoniques. C’est une Harmonie majuscule qui nous émeut, dans une pureté, une innocence quasi chorégraphique.

   Chez Carole Bressan, les couleurs s’en donnent à cœur-joie et se métamorphosent en Lumière. On est dans le sacré. La Création de Carole Bressan, c’est un hymne offert à l’Âme du Monde.         

Michel Lagrange

DES APPARITIONS TRANSLUCIDES

Quand on regarde une sculpture de Cristina Marquès, on en oublie sa véritable dimension. Cela est dû, me semble-t-il, à la translucidité qui caractérise cette œuvre et lui confère une extensibilité en trompe-l’œil. Qu’elles soient monumentales ou minimalistes, ces créations de plexiglas nous emportent dans un univers où il n’y a plus de repères autres que ceux de leur beauté spatiale, et de leur vérité intrinsèque.

On devine, rien qu’aux titres que l’artiste leur donne, des constructions urbaines, des explorations sous-marines, des apparitions légendaires, des constellations verglassées, des buildings transparents pour être à la hauteur du ciel envisagé, des envols, des migrations, des empilements consacrés comme ces cairns qu’on rencontre au Tibet, etc… La liste serait longue dans cette quête d’identification.

Là n’est peut-être pas l’essentiel. Un artiste digne de ce nom ne reproduit pas ce qu’il voit mais il recrée selon ses lois intimes un univers conforme à ses besoins, nés de ses manques, de ses frustrations, de son idéal. On peut penser qu’en ce qui concerne Cristina Marquès, existe en priorité un besoin de clarté, d’ordre, d’harmonie.

Elle écrit sans cesse un texte en hiéroglyphes, où l’art et le sacré ne font plus qu’un. Où le signe visible continue à vibrer jusqu’à trouver son sens.

Les portes de sa perception donnent sur des vertiges, ses abstractions cherchent l’apesanteur d’où l’envol est possible. On dirait quelquefois que la matière oublie ses propres lois, au seul profit de son message.

Cristina Marquès est une charmeuse de formes serpentines, une voyageuse d’atolls célestes, un cœur aimant de diastole et systole.

Parfois la mort affleure en ces œuvres, quelques memento mori pour signifier la valeur de la vie. Alors, le matériau se couvre d’ombre blanche comme s’il gelait. Mais la plupart du temps, Cristina Marquès rend hommage au déroulement de le vie, grâce à une imagination qui cherche à être simple et profonde à la fois. Une imagination translucide à travers laquelle une vie se métamorphose, avec déroulements, enroulements de rubans Möbius vertigineux, d’Ouroboros sans queue ni tête. Autant de constrictions qui vont chercher l’apaisement. Avec humour souvent.Il s’agit là d’un jeu lyrique et spirituel.

Bref, il s’agit d’une écriture spatiale, cosmique, entrelaçant ses arabesques pour le plaisir des yeux et la paix d’un esprit oubliant ses grisailles, sa vieillesse et ses déceptions. Un univers refait par un don de l’enfance.  Une translucidité qui n’est que la lucidité d’un esprit créateur. 

Michel Lagrange

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