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SABINE de COURTILLES & TATSUO JIKUMARU








SABINE de COURTILLES
par Michel Lagrange
Ce qui frappe au premier coup d’œil, c’est la fantaisie, la liberté de conception et d’exécution de ces œuvres d’art qui aiment jouer avec le bronze de l’artefact pour nous rappeler que de ces formes toujours harmonieuses, amoureuses, peut et doit naître une beauté nouvelle.
C’est la stylisation qui crée l’originalité de ces personnages qui acquièrent ainsi une forme d’élégance et de vérité supérieure. Ce style, c’est une simplification des contours, une unité hostile aux anecdotes, au réalisme facile, un aller simple vers l’essentiel. C’est ce qu’on appellerait « l’intelligence des formes ».

Ces silhouettes filiformes, nées de quel sol, de quel ciel, de quelle légende, acquièrent par leur stylisation une sorte d’intemporalité à valeur mythique.
Ce sont des femmes flambant neuves, réduites à l’esprit même. Non pas « réduites » mais amplifiées. Au bord de l’abstraction, comme cette « Mademoiselle Li », dansante, captée par l’énergie cosmique. Même les deux plumes contribuent à son apesanteur, lui confèrent un pouvoir d’envol. Tel est le défi du sculpteur : privilégier le mouvement et l’apesanteur grâce à la matière, et malgré elle. Ce qui laisse supposer que l’âme est de rigueur dans ces corps stylisés.

Dans ce « Petit peuple de la Forêt », Sabine fait fusionner le végétal et l’humain, comme dans les légendes. Ce qui tend à prouver que ces personnages font partie d’un réseau naturel… en même temps que surnaturel.
On peut déceler dans ces œuvres d’art une tendresse pour les êtres et une forme d’humour, qui dénote une sensibilité toute féminine, une élégance à l’image de son nom même.

Si j’osais, je parlerais de « célébration » de la vie, de liberté flottante, d’hymne à la joie. Car ces œuvres d’art chantent, et dansent. On peut songer aux jeux de voile de la Loïe Fuller, (« La Danse du Feu ») à l’écoulement de l’eau vive, aux sentiments confidentiels emportés par le vent. On peut percevoir en ces formes ondulées un style personnel qui fait oublier la pesanteur du réel. Tout cela est tendrement humain. Un art qui émeut, qui nous emporte en ses tourbillons vitaux, qui fait sourire en nos temps incertains, c’est une victoire de l’esprit créateur sur le poids des événements.


TATSUO JIKUMARU
par Michel Lagrange
Il y a un style Tatsuo, reconnaissable entre tous. Il s’agit de ce flou qui évapore les contours, poétise le regard. Et qui développe et entretient le sens du mystère. Tatsuo est en quête d’une réponse aux secrets de la nature. Il intitule certains de ses tableaux « études ». Ce qui est émouvant, c’est cette humilité du pèlerin qui accomplit sa mission. Car l’étude est l’application méthodique de l’esprit cherchant à apprendre et à comprendre ce qui l’interpelle. Quête de l’intelligence des choses et des êtres. En même temps que célébration des beautés de la création.

Ce halo au niveau des contours, ces brouillards au bord de l’eau, ces silencieux nuages en chemin vers la mer, c’est son sfumato à lui. Sa façon de décrypter ce qui le dépasse et le concerne à la fois. Quête de l’harmonie, par le visible des couleurs appariées. Trésor des humbles en même temps que culte que son âme rend à la vie. Toute une philosophie orientale de contemplation, de méditation et de respect de la nature émane de ses tableaux. Tout devient émotion pour le peintre, pour le « célébrant » dirais-je, face à la Création. Animisme au rendez-vous des apparences, culte de la nature, il n’y a rien de vulgaire et de silencieux dans quelques fleurs ou un bosquet d’arbres mineurs. Chez Tatsuo, tout est sérieux, examen de conscience et don de soi à l’univers entier.

Plusieurs polyptiques nous font pénétrer dans son univers naturel, impressionniste, fondamental et fondateur.
Il orchestre ainsi la nature à la façon d’un démiurge. Et la nature lui obéit. Quelques plantes, des ombellifères, quelques chardons, quelques insectes sur les fleurs, et tout se met en ordre, en symétrie, en complémentarité. Ainsi naît la poésie du réel.
C’est une mise en scène qu’il dirige, qu’il éclaire, qu’il fait sortir du hasard pour lui donner une harmonie majeure et définitive.
Et j’aime que dans nombre de ses tableaux représentant des paysages, il y ait au fond la lumière qui vient spiritualiser le décor ambiant.

Brouillon-brouillard laiteux sur des arbres présents, des arbres qui n’existent plus que dans une réalité de ciel opalescent. Ainsi, l’esprit d’une forêt s’invite à désunir les anecdotes, à déployer sur la végétation le filet du ciel bleu qui fait silence et profondeur. De grands oiseaux épris de légendaire et d’immortalité me disent qu’il fait beau… Chez Tatsuo, un voile avoue le charme des apparitions, un voile révélateur, protecteur des apparences, et pourvoyeur de beauté pure.
Et cela demande, de notre part, une même dévotion que la sienne pour saisir les secrets de la nature. Si vous n’avez pas vu la guêpe en train de voler vers des fleurs, vous n’avez rien vu ! Et c’est dommage !







