BENEDICTE CHARPENTIER & FRANCOIS JESSIONESSE

Vernissage de l’Exposition « François Jessionesse et Bénédicte Charpentier » le samedi 28 juin 2025

BÉNÉDICTE CHARPENTIER par MICHEL LAGRANGE

Quel que soit le point de vue choisi par Bénédicte Charpentier, ne lui demandez pas une plate reproduction des apparences. Cela ne saurait la satisfaire. Ce qui l’intéresse, c’est le secret de toute apparence, l’énergie émise par les êtres. Elle regarde le monde autour d’elle et en elle avec un œil spirituel, décryptant les correspondances. Pas de hasard, pas de chaos. Tout ainsi s’organise et se métamorphose. Il y a du sacré dans la moindre poussière. Et du rayonnement dans l’énergie cosmique.

Chez elle, il est question de terre-à-ciel et non de terre-à-terre.

Chez elle, toute Beauté ce sont des retrouvailles avec un âge d’or que nous avons changé en âge de fer invivable.

Elle aime les rythmes de la vie, y compris de la vie minérale ou végétale. Car les règnes s’interpénètrent. On la sent proche des mystiques intemporels, des Upanishads aux livres sacrés de l’Occident. Quand elle représente une spirale, elle songe aux vols ascendants des oiseaux de haut vol dans les courants d’air chaud, sur les flancs des montagnes, ou à l’essor de l’âme. Elle aime l’Homme-Temple, hélas aujourd’hui profané par des temps prosaïques, enfoncés dans la matière.

Il y a quelque chose de surréaliste dans les créations de Bénédicte Charpentier, mais au sens propre de ce terme : ce qui est au-delà de la réalité visible, tangible, ce qui incarne une réalité essentielle, lumineuse, transcendante.

Quand elle appelle une de ses œuvres « Assise » ce n’est pas seulement une femme assise, mais la base fondamentale et fondatrice de l’existence. Les symboles si riches d’interprétations se retrouvent dans des formes primordiales : la porte, la source, la grotte, l’escalier (dissimulé au cœur d’un être, car tout être doit se dépasser) … Ses figures humaines sont en voie de réalisation, de fusion dans le Soi mystique, à l’opposé de la fermeture et de l’égocentrisme. C’est à cœur ouvert que s’opère la magie, entre lune et soleil. Tout un art de vivre est exprimé, exemplairement. Il n’y a pas chez cette sculptrice d’être fermé.

Regardez ces figures d’orants, aux gestes d’offertoire, ces hommes-temples, ces danses de derviches, ces unions fondatrices avec l’Unité primordiale. Un Dieu aimante l’âme humaine, un Dieu hors de l’espace et hors du temps. Un Dieu qui nous concerne tous, si nous voulons nous accomplir et nous réaliser, justifiant de notre mission.

FRANÇOIS JESSIONESSE par MICHEL LAGRANGE

LA FEMME QUI TOURNE LE DOS

La Vénus de Milo à la fin me déçoit

Et celle de Botticelli

Et la Fornarina

Une expression toujours la même

Une beauté dans ses limitations

Humaines trop humaines

À peine a-t-elle disparu

Que j’envisage un embellissement

Silencieux sans contours

Autrement dit parfait

Dans l’unité majeure

Inconnue comme si

Le feu de l’œil décelait en silence

Une vérité supérieure à la beauté des apparences

Quelle que soit sa perfection

Une beauté visible intéresse les anecdotes

L’enfantillage d’une représentation divine

Est une offense à Dieu

Il faut savoir fermer les yeux

Pour visionner le spirituel

La femme qui tourne le dos

Gagne sur tous les plans

Sa plénitude et son mystère

Intensité d’instants inoubliables

Antériorité d’un savoir plus ancien que mes yeux

Dépassement de la raison

Fusion avec cet inconnu qui parle d’abondance

Et me fait entrevoir mon immortalité

Ouverture évasion reconquête absolue

Rejet de l’ignorance

Au profit de l’éternité

Dans le creuset d’un chemin spiralé montant

La femme qui tourne le dos

Me fait voir au fond de mon être

Un idéal sans nom limitatif

Informé spirituel

Conforme à la Réalité première

Le but vital et artistique

Est non pas d’exprimer la décevante vue

Mais de manifester tout le champ des possibles

Hors de l’espace et hors du temps

Alors je m’abandonne à la limpidité de l’air possible

Excluant toute ressemblance

Il n’est plus question de miroir

Mais de fenêtre ouverte

Ainsi tout est parfait

Tranquille et lumineux

Débordant de vie supérieure

La femme qui tourne le dos

Me donne rendez-vous dans le jardin premier

De l’innocence et du dépassement de soi