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CATHERINE WOLFF peintre
J’aime à raconter des histoires et pour paraphraser Tolstoï, « les gens heureux n’ont pas d’histoire ». C’est une boutade bien sûr de sa part comme de la mienne. Ce qui est certain, c’est qu’en grattant un peu le vernis de chacun, l’image sociale, on révèle des aspects moins brillants. C’est ce à quoi je m’adonne. Mes personnages sont nus car ils révèlent, dans leur nudité, ce qui peut se jouer dans leur intimité et dans leur interrelation à l’autre. C’est cette dimension là qui m’intéresse et que je mets en scène tel un metteur en scène. Et pour filer la métaphore, telle une comédienne, je ne me réduis pas à mes toiles. Je me contente de poser les situations, de placer les personnages. Loin de moi l’idée de donner une réponse. Les personnages sont en suspens. C’est au regardeur de conclure avec sa propre histoire. La toile, avec ses titres, ses références littéraires ou picturales résonnent, je l’espère, oui, en chacun. Mais je ne cherche pas la provocation. Juste faire sens. Ce qui ne cesse de m’étonner, ce sont les cris d’orfraie devant la crudité et la violence du propos. Qu’une femme ose ainsi montrer serait-il inconvenant ? Ce qui, au final, est fort drôle, c’est qu’en changeant de médium (la peinture) les gens voient ce qui les environne et qui est tellement banalisé : franchement, face aux pubs, aux mags, aux films, mes toiles sont presque des enfants de chœur. En tout cas, pour qui les regarde vraiment, elles sont plus drôles et grotesques que méchantes et gores.