ALAIN STAEHLIN peintre et sculpteur

On ne nait pas peintre, on le devient. Pourtant j’ai toujours vu Alain Staehlin s’exprimer avec des formes et des couleurs, comme s’il s’agissait de sa langue natale. Il est vrai que, très tôt, il a rêvé sur ces plages proches de la Rochelle et naguère sauvages. Comment imaginer une enfance sans la mer ? une vie sans océan ? Il est des lieux où le regard s’ouvre plus grand, où il voit plus loin. Dans son cheminement, l’œuvre d’Alain Staehlin s’est faite de plus en plus personnelle et forte. On perçoit d’emblée l’originalité, aussi laisse-t-elle une trace dans la mémoire, tels ces visages que l’on aime parce que l’on croit les avoir déjà rencontrés. Ce qu’il évoque est étrange et nous n’avons aucune difficulté à le saisir. Nous connaissons ces immenses phares qui surgissent sans que nous sachions s’ils sont là pour nous guider ou nous perdre. Ces grands monolithes semblent être grisés par l’ivresse-même de leur pouvoir. A leur pied, s’ébrouent de belles coques de navire et une étrange population d’hommes-poissons et de femmes hybrides. Tout cela avec de larges aplats et des contrastes pleins d’énergie. Puis, lassée de sa force, la lumière se met à jouer. Elle confère à la matière brute des moirures d’infante. Entre douceur et effroi, l’artiste sait d’expérience que chaque phare peut se changer en mirador et chaque prophète en gardien de prison…               NICOLE AVRILAlainStaehlin01+